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Rencontres

Sabah Dihmane : « Il ne faut pas avoir peur de sortir des codes »

Rencontre avec Sabah Dihmane, lauréate du prix du public Printemps-Corpo35. Astre d’Orient, son parfum chypré, ambré, oriental et épicé a rencontré un vif succès auprès des votants. Elle nous parle de ses inspirations et du processus qui a abouti à la création de sa première fragrance.

Pouvez-vous commencer par vous présenter et nous dire ce qui vous amenée à participer au concours Corpo35 ?

J’ai fait mes études à l’ISIPCA, mais je n’ai pas une formation de formulateur. Je suis assistante parfumeur. Après le travail, j’aime bien composer à mon niveau et faire sentir à mes collègues. J’avais vraiment envie de créer mon propre parfum. Il y a très peu de concours dans la parfumerie, c’est difficile de se faire connaître et le milieu est assez fermé. Le concours Corpo35 a été une vraie opportunité. C’était un vrai challenge et je suis fière d’y être parvenue ! Je ne me suis pas découragée, même si je savais être en concurrence avec des candidats a priori plus qualifiés que moi. J’ai tout misé sur la créativité. Je suis partie de mon envie d’apprendre. Pouvoir créer un parfum à moi reconnu à l’aveugle par des professionnels était inespéré. Cela donne confiance.

Ce parfum est un hommage

Parlez nous de votre parfum, de votre inspiration …

Mon parfum, Astre d’Orient est un oriental chypré. J’ai eu l’envie de créer un parfum à l’image de la grande chanteuse égyptienne Oum Kalthoum. C’était une personnalité atypique et charismatique qui chantait des chansons à connotation souvent sexuelles, mais toujours poétiques. Je l’admire car elle a réussi à s’imposer vis-à-vis de la gent masculine. Elle inspirait le respect. Elle avait vraiment plusieurs facettes : elle se définissait parfois femme, parfois homme, elle aimait les femmes, elles aimait les hommes. J’ai voulu représenter son charisme, sa présence et jouer avec les deux facettes de sa personnalité : le lumineux et le sombre. La douceur et la dureté. Ce parfum est un hommage. Enfant, je jouais ses partitions. Ce sont de longues chansons qui s’éternisent sur une heure. Je me suis aidée de mes compétences de composition, de solfège, et de piano pour reproduire le même schéma, mais avec les matières premières du parfum.

Comment avez-vous travaillé sa composition ?

J’aime les notes sombres comme le café, les notes animales. J’ai utilisé l’indole, qui est une matière très intéressante à travailler, en surdosage dans mon parfum. J’ai pris un risque, car c’est une note animale mais je trouve que cela donne lui donne un vrai caractère. Je voulais qu’il soit à la fois oriental léger et qu’il ait cette note animale, de sueur. Le plus dur a été de trouver le liant entre les différents ingrédients : certains lumineux comme la bergamote et le patchouli, et d’autres plus sombres comme le vétiver, par exemple. Comme j’ai mis du café en cœur, je ne voulais pas tomber dans la lourdeur, mais je tenais à garder un côté sombre. On a souvent l’idée du parfum oriental comme d’un parfum lourd et capiteux. C’est un préjugé, on a en tête les parfums de nos grands-mères, avec beaucoup de fleur d’oranger. C’est la composition qui change les choses, on peut faire des orientaux accessibles, plus légers. Il ne faut pas avoir peur de sortir des codes.

Je voulais vraiment que mon parfum ouvre une porte sur une dimension autre que la beauté et l’éphémère.

Quelles sont les difficultés rencontrées dans le processus de création d’un parfum ?

Parfois on perd confiance, on manque de recul. J’ai travaillé avec une évaluatrice qui m’a un peu guidée pour avoir le recul nécessaire et atteindre mon objectif. Quand on crée, on a beaucoup d’idées et c’est dur de rester sur son inspiration de départ, de ne pas trop s’en éloigner. On apprend énormément de chaque étape, même si parfois on part dans de mauvaises directions. On teste énormément de combinaisons, mais il faut rester fixée sur sa première idée. Il faut accepter d’apprendre de ses erreurs. Je garde toutes mes formules, je pense que rien n’est perdu.

Le plus difficile, c’est que le parfum ait le rendu imaginé : comment rendre la figure orientale égyptienne ? Je voulais vraiment que les gens ressentent la même chose que moi, qu’ils aient une émotion en sentant mon parfum.  Mais je me suis rendue compte que c’est un peu égoïste de penser que chacun doit sentir son parfum de telle façon. Aujourd’hui, je crois qu’il y a un effet relai qui permet au parfum de vivre : chaque personne qui le porte se crée son histoire. Le côté spirituel est important, je voulais vraiment que mon parfum ouvre une porte sur une dimension autre que la beauté et l’éphémère.

Quels sont vos goûts en matières de parfum ? Lesquels aimez-vous porter ?

Je pense que le choix d’un parfum vient de nos souvenirs d’enfance et de nos habitudes. Les goûts évoluent aussi avec l’âge. Plus jeune je portais des parfums légers, et petit à petit je me suis mise à porter des parfums masculins avant de me tourner vers des orientaux. Je pense que l’on a aussi des périodes avec des parfums que l’on aime porter, comme ceux que l’on peut associer à des souvenirs de vacances. Il y a tellement de parfums que j’aimerais porter ! J’aime particulièrement Cuir de Russie de Chanel,  Samsara de Guerlain que portait ma mère et Jasmin 17 de chez Le Labo, qui d’ailleurs ne contient pas de Jasmin.

Quelle est la plus grande satisfaction quand on crée son parfum ?

La satisfaction, c’est quand le parfum procure de l’émotion, et qu’on peut le trouver en boutique. C’est un véritable aboutissement, une fierté. Je suis très émue de voir mon parfum au Printemps, c’est une grande chance.

En savoir plus sur le concours Corpo35
Site Internet du concours Corpo35
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