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Oyéta Kokoroko : « Je ne suis pas juste là pour vendre, je veux aussi informer »

Oyéta Kokoroko a 29 ans et vit à Vancouver. En trois ans d’existence, sa marque Okoko Cosmétiques s’est imposée comme une référence éco-luxe. Depuis quelques mois, son aventure entrepreneuriale a pris une autre dimension avec le lancement de deux nouveaux projets : Okoko House Of Brands et The Connector, deux plateformes dédiées au réseau et au partage autour de la cosmétique naturelle. Pour Petit Poudrier, elle a accepté de partager sa vision du secteur de la green beauty et ses conseils à ceux qui souhaitent lancer leur marque.

Comment est née l’idée de lancer votre propre marque de cosmétiques ?

Après avoir eu des soucis de santé liés à la nourriture nord-américaine, j’ai décidé de faire des études en soins naturopathiques à Montréal. Le cursus comprenait des cours en nutrition holistique, phytothérapie, aromathérapie et études des plantes médicinales. La naturopathie m’a vraiment aidée à voir des améliorations en faisant des changements dans mon alimentation, en mangeant sainement et bio, et également en utilisant des produits naturels pour me soigner. Les changements ont été rapides et je me suis donc intéressée aux médecines naturelles par curiosité, mais aussi pour pouvoir en appliquer les principes dans ma vie. Dans le cadre de cette formation, nous apprenions aussi à confectionner des cosmétiques naturels comme des baumes à lèvres ou des huiles maison. Cela m’a permis de découvrir les ingrédients, mais surtout, j’ai réalisé que j’adorais cela ! Après avoir suivi ces cours, j’ai acheté des ingrédients et des livres et j’ai commencé à confectionner mes cosmétiques. Cela a été la même démarche que pour l’alimentation : j’ai commencé à lire les étiquettes, et je me suis rendue compte de ce que l’on nous vend. Entre les ingrédients nocifs et irritants pour la peau, et ceux qui endommagent notre environnement : cela a été la prise de conscience. Je me suis dis qu’en faisant moi-même mes cosmétiques, au moins je savais ce que je mettais dedans.

Quels ont été les débuts d’Okoko Cosmétiques ?

J’ai commencé à créer des crèmes, des savons, des lotions pour le corps… Je les offrais à mes copines ou aux membres de ma famille pour Noël. Les retours étaient excellents et on m’a encouragée à devenir formulatrice. J’ai pris des cours avec Formula Botanica pour apprendre à formuler, mais aussi pour savoir comment conserver les produits et assurer la stabilité des formules. L’objectif était de créer une cosmétique responsable tout en me conformant à la législation. On ne peut pas simplement faire des produits dans sa cuisine, il faut connaître les réglementations et offrir des produits professionnels à ses clients. Tout formulateur doit avoir une formation et savoir ce qu’il faut faire pour ne pas créer d’allergies chez ses clients par exemple. C’est seulement après avoir suivi cette formation que j’ai lancé Okoko Cosmétiques.

Quelle est la particularité des produits Okoko sur le marché ?

Il y deux choses. Lorsque j’utilisais des cosmétiques conventionnels, parce que j’avais des problèmes d’acné, j’ai réalisé, en apprenant à lire les étiquettes, que beaucoup de produits étaient fabriqués avec des produits de remplissage, notamment de l’eau. Bien sûr cet ingrédient n’est pas nocif, mais beaucoup de sérums sur le marché coûtent très cher et sont composés en majorité d’eau ! Cela me dérangeait de voir que les consommateurs se faisaient berner. On parle beaucoup des ingrédients nocifs et c’est très important, mais il y a aussi cette dimension. Okoko Cosmétiques est une marque de luxe, mais elle offre des ingrédients recherchés et de qualité sans utiliser de produits de remplissage. C’est un premier point. La deuxième chose qui nous différencie des autres marques, c’est le travail sur les formules. Souvent en cosmétique naturelle, elles sont très simples. On peut faire ses produits facilement à la maison. Je trouvais qu’il manquait une dose d’innovation dans la cosmétique naturelle. C’est ce que j’ai voulu faire avec Okoko : inciter à être professionnel dans la cosmétique naturelle et ne pas avoir peur d’innover, avec les produits, les ingrédients et les formules proposés. La marque offre des formules innovatrices et haut-de-gammes avec des ingrédients botaniques performants qui offrent de multiples bienfaits pour la peau. Parmi nos ingrédients clés, on trouve : le Sang du dragon, le bakuchiol (une alternative naturelle au rétinol), l’huile de tomate et les AHAs reputés pour rehausser le teint et donner une peau rayonnante.

Il y a quelques quelques mois, vous avez lancé The Connector, une plateforme d’information et d’échange autour de la cosmétique naturelle. Quelle a été votre motivation ?

Beaucoup de fausses informations circulent sur la beauté naturelle. Bien souvent, elles sont véhiculées par des gens qui n’ont aucune formation. Cela donne une mauvaise image de notre secteur. Par exemple, l’affirmation “tous les conservateurs sont mauvais, il faut les éviter” est très populaire. C’est faux ! S’il y a de l’eau dans un produit, les conservateurs sont obligatoires. Sinon imaginez l’état du produit après quelques jours ! Ces affirmations décrédibilisent la cosmétique naturelle et permettent à l’industrie du conventionnel de nous attaquer. J’ai voulu réagir. Étant formée et passionnée, je veux éduquer les gens et partager une information transparente. Je ne suis pas là juste pour vendre, je veux aussi informer.

The Connector est une plateforme dédiée à la collaboration avec des formulateurs, des chimistes, des photographe, des consultants … Des experts écrivent des articles et partagent leurs conseils sur leurs sujets de prédilection. Ils informent à la fois les consommateurs, les marques qui se lancent et les distributeurs. Mon objectif est de créer une communauté green beauty autour des gens curieux d’apprendre à décrypter les étiquettes et qui veulent lire des articles sur la formulation rédigés par des experts. Nous allons commencer à faire des articles en français dans les prochains mois, car c’est important pour moi de toucher aussi la communauté francophone. Nous contribuons à démystifier l’univers de la green beauty avec des articles sur la vérité sur les conservateurs, les ingrédients à éviter, les meilleurs ingrédients pour chaque peau …

Cette démarche peut sembler étrange dans le secteur compétitif de la beauté. Vous n’avez pas peur de donner trop de visibilité à vos concurrents ?

C’est une façon d’amener les gens à se rassembler, mais aussi de défaire l’idée de compétition. Pour moi, la compétition est toujours plus dans la tête. Nous sommes tous différents. Des ingrédients peuvent être similaires, mais chaque marque est unique. Je prône la collaboration, l’empowerment. The Connector donne une voix à d’autres marques et les aide à faire grandir leur audience. C’est aussi une façon pour Okoko de se démarquer comme une marque qui prône la collaboration plus que la compétition. Informer permet de vendre sans mettre de pression à l’acheteur. Il peut d’abord se renseigner, apprendre, puis dans un deuxième temps revenir acheter s’il le souhaite.

Au final, il faut bien se rendre compte qu’il n’existe aucun produit qui va convenir à toutes les peaux. Si une cliente me dit qu’elle souhaite des produits sans conservateur, je respecte son choix et je peux la diriger vers une huile pour le visage ou un autre produit sans eau qui n’en nécessite pas. Je lui donne une information vérifiée, sans essayer de la manipuler.
Je prône la connaissance et l’éducation pour donner de la crédibilité à la green beauty et faire évoluer les mentalités. Plus les clientes seront informées, plus elles seront en confiance et tout le monde en bénéficiera.

Dans le même esprit, vous avez lancé Okoko House Of Brands une plateforme de mentoring à destination des entrepreneurs de la cosmétique naturelle. Quel est son but ?

Il y a un manque d’entraide et de coopération dans la green beauty. Souvent on se sent très seul en tant qu’entrepreneur. Quand on débute on a beaucoup de responsabilité et on fait tout tout seul : cela peut être très compliqué. Cette plateforme permet de se sentir moins isolé, d’échanger sur sa situation. L’objectif d’Okoko House Of Brands est d’aider les entrepreneurs à développer leur potentiel, à prendre confiance en eux. Par exemple, nous proposons des podcasts avec des créatrices de marques qui partagent leurs expériences. Des cours en ligne seront bientôt disponibles.

En tant que consultante, je partage aussi mes propres expériences, mes erreurs. J’aide des débutants à trouver leur ADN de marque. Pour moi c’est la chose la plus importante : l’image, les produits, ce que vous êtes, qui vous attirez. Cela va déterminer le cheminement de votre marque. Pour Okoko, l’ADN de marque c’est l’innovation. On utilise des ingrédients qui sortent de l’ordinaire (pour le Sang du dragon par exemple). C’est aussi la coopération. Ce sont ces valeurs qui donnent envie aux gens de nous suivre. Aujourd’hui utiliser du bio n’est plus un point de différenciation, c’est devenu commun. Il faut chercher ce qui rend une marque unique. C’est ce qui aide à se démarquer, surtout quand on est une jeune marque qui débute, et que l’on n’a pas des millions de dollars à dépenser en marketing.


Les  5 conseils d’Oyéta Kokoroko aux entrepreneurs qui se lancent dans la green beauty

Oyéta a une vision très claire des obstacles rencontrés par les créateurs de marques indépendantes dans le milieu de la cosmétique naturelle : « Au début, les entrepreneurs qui se lancent ont tous les mêmes problèmes : comment trouver ses premiers clients et ses premiers distributeurs ? Comment bâtir son audience et créer une relation avec ses consommateurs ? On part de zéro sur les médias sociaux où l’on n’a pas de followers, il faut montrer que l’on existe, mais au début les budgets sont limités. » Pour Petit Poudrier, elle a donné 5 conseils à suivre pour bien débuter.

1. Être sincère

Il faut savoir que si le but unique est de vendre, cela ne fonctionnera pas. Il faut raconter son histoire, son parcours professionnel, ce qui vous a amené à lancer votre marque. Il faut être sincère et communiquer sur ses missions et ses valeurs. C’est très important. Il faut se concentrer sur vos passions, vos talents et ce que vous avez à offrir. Au début quand vous n’êtes pas connu, il faut que les clientes puissent s’identifier à vos valeurs pour s’y reconnaître et construire une relation privilégiée avec votre marque. Par exemple, certaines marques mettent en avant la production dans le pays d’origine : c’est une valeur qui aura du sens pour beaucoup de consommateurs.

2. Avoir une vraie stratégie sur les réseaux sociaux

Il y a un énorme travail à faire sur les réseaux sociaux. Travailler avec les blogueuses est un vrai levier. Mais là encore, j’ai remarqué que les blogueuses partagent plus facilement les marques dont elles se sentent prochent. C’est de cette manière que les gens vont commencer à commenter et qu’une communauté va pouvoir se créer. Votre stratégie sur les réseaux sociaux doit impérativement être cohérente. Il faut poster des choses en rapport avec votre marque uniquement. Chaque publication doit apporter quelque chose. Il faut parler des fondateurs, de la philosophie de la marque, des produits, des ingrédients, montrer les coulisses. Il est très important que le fondateur ou la fondatrice de la marque soit présent. La fondatrice de MonCornerB, m’a confié que les marques qui se vendent le mieux sur son site sont celles dont les fondatrices sont identifiées et qui s’adressent régulièrement à leur communauté. Cela a un réel impact. Le fondateur ne doit pas avoir peur de se montrer !

3. Faire appel à un photographe professionnel

Il est important d’être bien préparé. Il faut avoir de beaux visuels de marque, car cela fait professionnel et donne confiance. Je recommande d’investir dans des photos de professionnels, pour montrer les produits, les textures, les couleurs, les ingrédients. Cela fonctionne très bien, les clientes aiment voir l’intérieur du produit. Bien sûr, le packaging est aussi important : il doit être beau, attirer l’œil, refléter l’image de la marque : minimal, durable … La personnalité de la marque doit être bien représentée par son aspect visuel.

4. Savoir parler de ses produits

Il faut être capable de parler de ses produits. Même si la créatrice ne formule pas, elle doit les connaître de A à Z. Quand on connaît les produits, on en parle avec confiance et on inspire confiance aux gens. Il faut savoir parler des ingrédients clés, de leurs bienfaits, des combinaisons pour les différents types de peaux et des routines beauté.

5. Se démarquer

Il y a toujours plus de marques de cosmétiques naturelles, de nouvelles émergent chaque semaine. C’est une industrie compétitive même si elle l’est moins que celle de la cosmétique conventionnelle. Beaucoup sont installées depuis de nombreuses années et ont développé une clientèle fidèle. Pour les nouvelles marques il est impératif de se démarquer des plus grandes. Les marques les plus populaires sont celles qui se distinguent le plus.

Sites web

Okoko Cosmétiques
En France, la marque est vendue sur MonCornerB
The Connector
Okoko House Of Brands

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1 COMMENTAIRE

  • Schatz

    Et bien moi j’aimerais bien connaître les produits que vous avez préparés, en faire connaître à tout le monde mon fils a vécu a Montréal il m’a dit qu il y avait de très bons produits sains.

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