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Christophe Fargier, entrepreneur 100% bio

A 46 ans, Christophe Fargier est le co-fondateur de la marque Oppidum. Après une riche carrière d’ingénieur informaticien, il quitte son emploi en 2018 pour se consacrer entièrement à la fabrication de savons dans le Tarn, près de Toulouse et sa région natale. Une aventure entrepreneuriale et un nouveau projet de vie autour de la cosmétique bio qu’il a accepté d’évoquer avec Petit Poudrier.

Comment est venue l’idée d’Oppidum ?

J’ai été directeur commercial pour un grand cabinet de conseil pendant 23 ans. J’ai quitté la région parisienne pour ma région d’origine il y a 8 ans, toujours en restant dans la même entreprise. On s’est installé en pleine campagne, dans un très bel endroit près d’Albi dans le sud-ouest de la France. Depuis longtemps avec mon compagnon, Il y avait un désir de changer de vie.

L’origine d’Oppidum est vraiment personnelle. Il y a 5 ou 6 ans de ça, nous avons arrêté d’utiliser des gels douche, principalement à cause de problèmes de peau. Nous avons cherché à passer à la cosmétique naturelle et en fin de compte,comme plein de gens, nous avons créé nos propres savons dans notre cuisine ! On a saponifié à froid, on s’est beaucoup amusé. Le résultat nous a beaucoup plu : tous les problèmes de sécheresse de peau ont disparu. Vu l’endroit où l’on vit on s’est dit que ce type d’activité pouvait peut-être nous permettre de changer de vie, de revenir à une vie artisanale plus proche de la nature de la maison … Toutes les semaines, je partais en avion aux quatre coins du monde pour mon travail, j’avais vraiment envie d’autre chose.

photo Oppidum

Comment passe-t-on de la fabrication de savons dans sa cuisine à la création d’une marque ?

Cela a été un processus assez long. On a passé 5 ans à découvrir le savon et la cosmétique naturelle. On a suivi une formation auprès d’une savonnière anglaise en Dordogne. De là, le projet s’est concrétisé : on a fait essayer nos savons à nos familles et amis. Ils ont trouvé ça génial, et on a décidé de monter l’entreprise. Dans un premier temps, on a décidé de se lancer en gardant nos boulots. On a été un peu poussé par des amis qui nous ont incité nous lancer. Nous avons accepté de participer à un marché de Noël anglais dans un petit village. C’était à l’été 2017 et cela a tout accéléré. On ne voulait pas commercialiser des savons sans être en conformité avec la réglementation : en 3 mois, l’entreprise était créée. Nous avons entrepris des travaux pour créer un atelier professionnel dans l’ancienne ferme où nous vivons. L’atelier se situe dans une ancienne héliciculture (élevage d’escargots). On a tout cassé pour construire notre labo. Des amis nous ont conseillés de faire un showroom pour profiter du passage des touristes, nombreux dans la région. Le temps de faire les travaux, la commercialisation des savons a débuté en juin 2018.

photo Oppidum

Comment avez-vous défini votre positionnement par rapport aux autres marques de savons ?

Pendant l’année 2018, nous avons travaillé à définir un peu plus précisément notre projet. On s’est dit que ça allait être compliqué de ne vivre qu’avec des savons. Notre positionnement immédiat a été de développer une cosmétique haut de gamme dans la cosmétique naturelle, ce qui n’est pas encore très courant. C’est pour cela que nous utilisons des huiles végétales précieuses, des parfums que nous réalisons nous-mêmes à partir d’huiles essentielles. Tout cela en étant bio à 100%. Pour faire les couleurs, on utilise des argiles, des épices, des minéraux …. Oppidum se positionne sur un marché orienté parfumerie de niche. Avec seulement un savon sur ce marché, c’est très compliqué. C’est pour cela qu’une ligne cosmétique a été développée. Elle sortira en juin.

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette nouvelle gamme ?

Il s’agira de baumes et d’huiles de soin. Reconditionner de l’huile d’argan ou de l’huile d’amande ne nous intéressait pas. Ce sont de bons produits, mais cela existe déjà beaucoup et ce n’est pas techniquement intéressant. Ce qui nous intéresse, c’est de travailler sur les textures et les synergies entre les ingrédients. Pour ce lancement, nous avons aussi beaucoup travaillé sur l’image. Dans la cosmétique, il faut beaucoup travailler sur le packaging pour exister en tant que marque. Jusqu’ici on travaillait seul. On était parti du produit et pas du tout de la marque. On a d’abord fait des savons, imaginé des baumes, des huiles, et seulement après on s’est posé la question de savoir comment on allait vendre. C’est une approche très inverse de ce qui se fait dans la cosmétique. Souvent c’est l’emballage qui prime, même en cosmétique bio.

Nous, nous sommes partis d’une démarche très artisanale : faire un produit qui soit le meilleur possible pour la peau, sans aucune considération des aspects de coût. Ce qui explique un peu nos prix ! Un designer qui a travaillé dans la cosmétique conventionnelle a accompagné la marque et repensé l’identité de notre ligne cosmétique. Il s’agira de pots et flacons en verre avec des bouchons en bois.

photo Oppidum

Qui espérez-vous toucher avec ces nouveaux produits ?

Aujourd’hui, on précise nos cibles. On s’adresse à ceux qui souhaitent remplacer leurs cosmétiques par du naturel, dans une approche très Slow Cosmétique. D’ailleurs nous avons obtenu le label Slow Cosmétique en début d’année. La prochaine étape, c’est la certification bio qui est en cours. Nous sommes également membre de Cosmébio. Notre motto c’est “être un spécialiste de la peau, du confort et du soin de la peau à partir d’un cosmétique naturelle”. Oppidum s’adresse à ceux qui recherchent des soins efficaces, tout en conservant la dimension plaisir. Mon associé est le nez dans notre équipe, et la dimension parfum est très importante pour allier soin et plaisir.

Avez-vous eu des moments de découragement dans le processus de création ?

On en est toujours à ce stade ! Oppidum est une marque toute jeune sur un marché hyper concurrentiel, on doute en permanence de savoir si ce que l’on est en train de créer comme produit, comme ligne a une raison d’exister. Et après plus de 20 ans en entreprise, je peux dire que monter sa propre structure n’est pas du tout comme on l’imagine.

C’est à dire ? Pouvez-vous nous parler de votre expérience de la création d’entreprise ?

Je pensais que la création d’entreprise était quelque chose d’extrêmement compliqué, en particulier dans notre pays. J’en suis complètement revenu. C’est relativement simple d’un point de vue administratif. On a monté la boîte en trois mois. En revanche monter un business plan, élaborer une stratégie, positionner une marque … C’est compliqué pour moi de faire du commerce B to C alors que j’étais habitué au B to B. Il s’agit là de compétences dont on ne dispose pas forcément. Là il faut savoir se faire accompagner, pour être sûr de bien avancer. Le réseau est également important : le risque lorsqu’on entreprend c’est d’être un peu isolé. C’est important d’être accompagné et de discuter avec d’autres entrepreneurs.

Et puis, il y a les difficultés au quotidien. Les 4 à 5 années de préparation ont été les plus exaltantes. On ne se posait pas de questions sur les coûts, sur le produit : on s’amusait avec les matières premières. Une fois que la société existe et qu’elle doit rapporter de l’argent, là il faut revenir à des ambitions plus terre à terre. Cela a été une vraie difficulté. Une autre difficulté a été de décider de quitter mon emploi salarié. C’est une situation très ambiguë. Si je n’avais pas eu mon travail, je n’aurais peut-être pas osé me lancer dans la création. Avoir un boulot vous aide, car cela vous donne des moyens financiers pour créer une entreprise, mais cela vous freine aussi, car vous allez très lentement. En 2018, c’est devenu impossible de me partager entre la création d’entreprise et mon job. A la fin de l’été 2018, j’ai décidé de me consacrer à 100% à Oppidum. Cela me permet d’aller plus vite et de vraiment faire exister la marque.

photo Oppidum

Comment-faites vous pour faire exister cette marque ?

Quand vous êtes fabricant, vous devez passer une grande partie de votre temps à fabriquer et chercher des matières premières, choisir des fournisseurs. C’est la partie la plus passionnante du métier, celle qui fait qu’on le choisit au départ, mais si vous ne vendez pas vos produits, cela ne sert à rien ! Dans la cosmétique il faut passer beaucoup de temps à faire exister une marque à partir du moment où l’on sort de la dynamique locale. On s’est très rapidement mis sur le web, en faisant le site nous-même. On commence à aller sur des plateformes de vente, principalement du dropshipping comme Dream Act. Il y a aussi la vente par le canal direct dans notre showroom. Le travail le plus compliqué c’est la recherche des distributeurs. Je cherche des entrées dans le monde de la parfumerie de niche ou de la cosmétique indépendante en France et à l’international. L’autre type de réseau sur lequel Oppidum se positionne, c’est le bio et les marques indépendantes. La certification bio va nous aider pour entrer à La vie claire ou chez Bio c Bon, par exemple.

Quelles sont vos objectifs de développement ?

L’objectif est de réussir à se diviser les tâches : mon associé à la production, moi à la partie commerciale. Pour le moment on reste sur notre objectif : 5000 savons la première année, 15 000 la deuxième et 50 000 la troisième. La deuxième année s’annonce bien ! Pour les huiles et les baumes on va certainement lancer des préventes. La perspective d’avoir une ligne complète à vendre va nous permettre de passer à la vitesse supérieure. Cela donnera une vision claire de notre marque et de son image. Notre objectif est de créer un ou deux emplois très rapidement.

Site web : www.savonnerie-oppidum.com

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